Conakry – Dans un climat politique déjà électrique, la nomination de Dr Diao Baldé au poste de chef de cabinet du ministère de l’Environnement et du Développement Durable fait l’effet d’un coup de tonnerre. Ancienne figure influente de l’opposition, ce proche de l’ANAD et de l’UFDG rejoint ainsi l’exécutif de transition sous l’égide du général Mamadi Doumbouya. Un choix qui alimente les soupçons d’une stratégie de débauchage orchestrée par le pouvoir.

Une nomination qui interpelle

L’annonce est tombée ce jeudi, confirmant les inquiétudes formulées par l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) quelques jours plus tôt. Dans un communiqué daté du 3 mars 2025, le parti de Cellou Dalein Diallo dénonçait des « tractations et négociations » visant à affaiblir l’opposition par le biais de cooptations politiques. La récente rencontre entre Mamadi Doumbouya et plusieurs cadres de l’opposition avait déjà été perçue comme une tentative de rapprochement opportuniste. Aujourd’hui, la promotion de Dr Baldé semble donner raison à ces suspicions.

Un tournant pour l’opposition

Jusqu’ici perçu comme un opposant farouche au CNRD, Dr Diao Baldé occupait une place centrale au sein de l’ANAD et de l’UGN. Son audience avec le chef de la transition avait soulevé des interrogations ; sa nomination vient maintenant les transformer en certitudes pour ses anciens alliés. Au sein de l’opposition, la pilule passe mal.

« Nous assistons à une véritable manœuvre de fragilisation de nos rangs », confie sous couvert d’anonymat un cadre de l’UFDG. « On cherche à diviser pour mieux régner. Mais nous ne nous laisserons pas faire. »

Adhésion ou opportunisme ?

Si Dr Baldé n’a pas encore réagi officiellement à cette nomination, son acceptation du poste peut être interprétée comme une prise de position claire : celle d’un rapprochement avec l’exécutif de transition. Opportunité politique ou revirement stratégique ? La question reste en suspens.

Une chose est certaine : cette décision redéfinit les rapports de force et illustre une dynamique bien rodée. En attirant dans ses rangs des figures issues de l’opposition, le CNRD cherche-t-il à élargir sa base politique en vue des échéances à venir ?

Vers une recomposition du paysage politique

Cette nomination pourrait bien accélérer la fragmentation de l’opposition, déjà affaiblie par des dissensions internes. Pendant que le CNRD renforce ses rangs, l’UFDG et l’ANAD doivent maintenant faire face à une nouvelle réalité : celle d’une transition où les lignes de démarcation entre pouvoir et opposition deviennent de plus en plus floues.

Dans ce jeu de chaises musicales, une certitude demeure : la méfiance entre l’exécutif et ses opposants ne fait que s’accentuer, et la bataille pour le contrôle du paysage politique guinéen est loin d’être terminée.

Saliou Keita