Dans une interview sans concession, Aliou Bah revient sur l’éventualité d’une candidature du général Mamadi Doumbouya à la présidence. Fidèle à ses convictions, il met en garde contre les conséquences d'un reniement des engagements pris par le chef de la transition, évoquant une perte de légitimité et une trahison des espoirs démocratiques du peuple guinéen.
Q : Monsieur Bah, une question qui suscite de nombreuses réactions ces derniers temps : que pensez-vous de l’éventualité d’une candidature du général Mamadi Doumbouya aux prochaines élections présidentielles ?
Aliou Bah : Cette question est effectivement cruciale. Il est important de rappeler que lors de son arrivée au pouvoir, le général Doumbouya avait affirmé qu’aucun acteur de la transition ne se présenterait à une élection. Ce serment était solennel. Si cet engagement n’est pas respecté, il pourrait en découler de sérieuses conséquences.
Q : Que voulez-vous dire par « conséquences sérieuses »
Aliou Bah : Je tiens à être clair : le coup d’État du 5 septembre a été justifié par le non-respect des engagements du précédent président, notamment le fait de vouloir se maintenir au pouvoir après ses deux mandats. Le général Doumbouya avait juré de ne pas suivre ce même chemin. Si aujourd’hui, il revient sur sa parole, il risque de perdre la légitimité qu’il a gagnée en prônant le changement et la rupture avec les pratiques du passé.
Q : En d’autres termes, une candidature de sa part signifierait un reniement de ses engagements ?
Aliou Bah : Absolument. Nous l’avons dit et nous le répétons : s’il se renie, nous n’aurons pas d’autre choix que de le renier nous aussi. Il est fondamental que les leaders tiennent leurs promesses, sinon la confiance du peuple s’érode. Il ne peut pas y avoir de « super-guinéen » au-dessus des lois et des engagements pris. Une constitution faite sur mesure pour un individu est inacceptable et sera rejetée.
Q : Vous semblez très ferme sur ce point...
Aliou Bah : C’est une question de principe. La transition que nous vivons est censée nous amener vers un renouveau démocratique, pas vers un retour à des pratiques que nous avons tant combattues. Le respect de la parole donnée est essentiel. C’est une promesse faite au peuple, et nous veillerons à ce qu’elle soit tenue.
Alpha Amadou Diallo