Mohamed Lamine Kamissoko, cadre influent du RPG Arc-en-ciel, dénonce la gestion controversée de la promotion de l’avant-projet de Constitution par le gouvernement et le CNT. Entre flou persistant, exclusion des acteurs politiques et précipitation, il alerte sur un processus risquant d’aggraver les tensions politiques du pays. Interview
Q : Monsieur Kamissoko, lors de la dernière Assemblée générale du RPG Arc-en-ciel, des critiques ont été formulées à l’encontre de la promotion de l'avant-projet de Constitution par le gouvernement et le CNT. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Mohamed Lamine Kamissoko : Absolument. Le RPG Arc-en-ciel, en tant qu'ancien parti au pouvoir et force politique majeure, estime que la méthode employée pour vulgariser cet avant-projet est profondément défaillante. Le gouvernement et le Conseil National de la Transition (CNT) ont entrepris une tournée de présentation de ce texte dans les régions, mais il s'agit encore d'un simple brouillon, loin d'être finalisé. C'est un manque de transparence évident.
Q : Que reprochez-vous concrètement à cette démarche ?
M. L. Kamissoko : Il y a un empressement injustifiable dans ce processus. Promouvoir un avant-projet et le faire passer pour un texte finalisé, alors même que le peuple n’a pas eu le temps d’en prendre connaissance, est tout simplement irresponsable. Nous assistons à une opération précipitée qui frôle la mascarade. Ce texte ne peut pas être sérieusement discuté tant qu'il reste une ébauche.
Q : Vous évoquez un « flou persistant ». Qu’entendez-vous par là ?
M. L. Kamissoko : C’est simple. Ce qu'ils appellent « avant-projet » n'est, en réalité, qu’un brouillon. Ils engagent les ressources de l’État pour promouvoir un texte non finalisé. Cela risque de tromper le peuple et d'entraîner une confusion. Ce recours aux fonds publics pour une telle opération est inacceptable et doit être dénoncé.
Q : Le RPG Arc-en-ciel parle également de manque de concertation avec les partis politiques. Pouvez-vous expliquer ?
M. L. Kamissoko : Le dialogue a été délibérément restreint. Ni le peuple ni les acteurs politiques historiques ne sont impliqués dans ce processus. Cela révèle un mépris certain envers l’histoire politique du pays et les forces qui la composent. Le RPG, tout comme d'autres grands partis, n'a pas été consulté. Cette exclusion n’est pas un hasard, elle traduit une volonté de marginaliser des voix critiques.
Q : Que préconise votre parti face à cette situation ?
M. L. Kamissoko : Nous avons exprimé notre position dans un mémorandum conjoint avec d'autres forces vives, dont l’UFDG et l’UFR. Nous représentons une part importante de l’électorat et refuserons toute tentative de marginalisation. Nous voulons être inclus dans ce processus constitutionnel. Ignorer les principaux partis est non seulement une erreur stratégique mais aussi une provocation qui risque d’aggraver les tensions politiques.
Q : Vous voyez donc cette situation comme un point de crispation majeur ?
M. L. Kamissoko : Tout à fait. Cette promotion de l’avant-projet ravive les tensions entre le gouvernement et l'opposition. Ce n'est pas seulement une question de texte constitutionnel, c’est une lutte de pouvoir avec, en toile de fond, l'avenir du pays en jeu. Nous devons éviter de franchir un point de non-retour et œuvrer pour une véritable concertation nationale.
Q : Merci, Monsieur Kamissoko.
Aziz Camara, pour ramatoulaye.com