Dans cet entretien exclusif, Nsira Bangoura, membre du bureau exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR), aborde sans détour l’inquiétante prolifération des mouvements de jeunes soutenant la junte militaire en Guinée et appelle la jeunesse à se projeter vers un avenir durable pour le pays.

Q : Madame Bangoura, pourquoi l’UFR s’inquiète-t-elle de l’engagement des jeunes aux côtés du CNRD ?

Nsira Bangoura : La situation actuelle est préoccupante. Ce que nous voyons, c’est une jeunesse divisée, avec une partie qui semble vouloir survivre au quotidien en échange de quelques promesses du pouvoir militaire. Or, une jeunesse consciente doit se concentrer sur l’avenir de la Guinée. Nous, à l’UFR, sommes dans l’opposition non pas pour détruire, mais pour construire. Il est essentiel que nos critiques soient entendues et prises en compte afin que le pays puisse réellement progresser.

Q : Vous parlez de division au sein de la jeunesse guinéenne. À quoi l’attribuez-vous ?

Nsira Bangoura : Malheureusement, on constate une multiplication des mouvements de soutien au CNRD un peu partout dans le pays. C’est décevant. Certains jeunes se laissent séduire par des promesses de gains faciles ou des initiatives éphémères, sans penser aux répercussions sur le long terme. La Guinée ne doit pas se limiter à une période transitoire. Nous devons envisager un projet de société cohérent et ambitieux. La jeunesse doit aspirer à plus et ne pas se contenter du minimum.

Q : Comment expliquez-vous ce soutien que certains jeunes apportent à la junte ?

Nsira Bangoura : C’est une stratégie claire d’instrumentalisation. Il y a quelques jours, j’ai observé des cortèges impressionnants de jeunes en bus, escortés par des policiers. Nous ne sommes même pas en période de campagne électorale ! Cela montre que certains cherchent à créer un climat artificiel de soutien. Nous devons alerter la jeunesse : l’avenir de la Guinée ne se monnaye pas pour des intérêts immédiats.

Q : Quel est votre message aux jeunes qui rejoignent ces mouvements de soutien ?

Nsira Bangoura : Je leur dis ceci : pensez à votre futur et à celui de la Guinée. Si nous devons lutter, c’est pour des projets qui changent réellement notre destin collectif. Prenons par exemple le projet Simandou 2004. Ce projet doit réussir, car son échec serait une défaite pour toute la jeunesse guinéenne. Il faut faire preuve d’ambition et exiger des bases solides pour notre développement économique et social.

L’UFR lance ainsi un appel solennel à la jeunesse guinéenne : refuser de compromettre l’avenir du pays pour des gains temporaires, et s’engager pour une vision ambitieuse et durable.

Fatimatou Diallo, pour Ramatoulaye.com