Ce lundi matin à Kindia, une scène d’un autre temps s’est rejouée sous les yeux incrédules des élèves et des enseignants : plusieurs établissements scolaires ont été évacués pour laisser place à la vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution par des émissaires du Conseil National de la Transition (CNT). Les écoliers, chassés de leurs classes, ont dû céder la place à une activité qui, de l’avis général, n’avait rien à voir avec leur éducation.
Une telle décision soulève de nombreuses questions, et à juste titre. Quel rôle réserve-t-on désormais aux écoles ? Les jeunes, censés se construire par l’apprentissage et le développement intellectuel, devraient-ils devenir des témoins passifs de manœuvres politiques ? Ce mélange des genres est préoccupant. Il fait écho à des pratiques d’un passé que beaucoup pensaient révolu : la mobilisation forcée des élèves, l’instrumentalisation des institutions éducatives pour des causes qui n’ont rien à voir avec leurs missions premières.
Au-delà de l’indignation qu’elle suscite, cette situation rappelle de vieilles habitudes que la Guinée espérait avoir laissées derrière elle. Détourner les élèves de leurs cours pour des raisons politiques sape le respect dû à l’éducation et reflète un retour à une culture de l’instrumentalisation des jeunes. Ce retour en arrière est non seulement déplorable, mais il porte atteinte à la priorité nationale que constitue l’instruction des enfants.
En définitive, une question doit être posée à ceux qui décident de telles pratiques : quel message envoie-t-on à ces jeunes, à qui l’on demande de sacrifier leur apprentissage pour des agendas politiques ? Le respect du cadre scolaire devrait être inconditionnel. Ce sont les écoles, non les tribunes politiques, qui forment les citoyens éclairés de demain. Si la priorité est véritablement de construire un avenir meilleur, alors elle doit commencer par respecter l’espace sacré de l’éducation.
Algassimou L Diallo