Ce mardi 8 octobre 2024, une voix bien connue de la scène politique guinéenne s'est élevée avec force contre la réintégration de la Guinée au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cellou Dalein Diallo, leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), ne mâche pas ses mots : ce retour est « inopportun » et va à l'encontre des principes fondamentaux de l'organisation.
En effet, qu'est-ce que l'OIF, sinon un espace de coopération basé sur des valeurs communes telles que la démocratie, le respect des droits humains et l'État de droit ? Ces principes, inscrits dans la Déclaration de Bamako, sont censés être les garants d'une francophonie digne de ce nom. Et pourtant, en Guinée, ces valeurs semblent aujourd'hui foulées aux pieds. Les disparitions forcées, les arrestations arbitraires et la répression violente des manifestations sont devenues monnaie courante. Foniké Mengué et Billo Bah, des figures éminentes de la société civile, ont disparu après leur arrestation. Le corps du Colonel Célestin Bilivogui a été retrouvé après un an de détention secrète. Que dire de ces jeunes, plus de cinquante, tués simplement pour avoir protesté contre des conditions de vie insupportables ?
Dans ce contexte, comment justifier une réintégration si rapide à l'OIF ? Pour Cellou Dalein Diallo, cette décision envoie un signal désastreux à la communauté internationale : celui de l'indifférence face à la souffrance et à l'injustice qui règnent en Guinée. En acceptant ce retour, l'OIF semble fermer les yeux sur les violations répétées des droits fondamentaux. Cette réintégration, au lieu de récompenser un progrès démocratique réel, semble plutôt cautionner une dérive autoritaire inacceptable.
Les mots de l'ancien Premier ministre résonnent avec justesse. Le choix de réintégrer la Guinée dans la Francophonie à ce stade est non seulement précipité, mais aussi contradictoire avec l'essence même de l'organisation. Si l'OIF prétend défendre les droits humains, elle se doit de ne pas faillir à cette mission. C'est une question de cohérence, mais surtout de crédibilité.
Alors, pourquoi ce retour maintenant ? S'agit-il d'une stratégie diplomatique qui nous échappe ? Ou bien est-ce simplement une complaisance politique qui méprise les réalités du terrain ? Quoi qu'il en soit, il semble clair que la voix de Cellou Dalein, porte-parole de bien des frustrations, ne fait que refléter un sentiment partagé par de nombreux Guinéens : l’heure n’est pas encore venue de célébrer un quelconque retour à la normalité.
Alpha Amadou Diallo