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La junte militaire, qui a pris le pouvoir en Guinée le 05 septembre 2021, déroule lentement et progressivement ses activités dont l’objet principal est la refondation d’un Etat de droit.  

Dans ce contexte elle n’arrête pas de poser des actes soutenus et applaudis par la majorité des populations. Parmi ces actes, il y a celui qui porte sur le rajeunissement de l’administration publique, ce qui a pour corollaire la mise à la retraite massive des cadres et agents frappés par la limite d’âge. Le ministre de la Fonction publique et du Travail projette un effectif d’environ 12.000 retraités dont une première tranche de 6.300 va devoir s’en aller le 31 décembre 2021.

Cet acte majeur s’explique par le fait que depuis la fin de la première république (1984), des milliers de jeunes diplômés sans emploi sont laissés pour compte suite à l’adoption du système de l’économie libérale, l’Etat étant amené à se désengager pour une grande part des

structures de production. Un test de recrutement est programmé pour début 2022, juste une formalité pour combler le vide laissé par les départs à la retraite. C’est le lieu de se poser la question, à savoir si rajeunir l’administration se résume en un changement mécanique d’un effectif par un autre ?

La question vaut tout son pesant d’or quand on connaît l’affaissement abyssal du système éducatif guinéen. En effet tout le monde déplore que nombre de nos diplômés sont incapables de construire correctement une phrase en français. Ils n’ont pas l’instruction moins encore la compétence pour gérer un quelconque service administratif.

Rajeunir l’administration est certes une noble ambition, mais la manière d’y procéder frise une mesure populiste qui risque de causer plus de mal que de bien à l’Etat. Les doyens, plus instruits et expérimentés, vont se retirer sans accompagnement autre qu’une modique pension qui ne peut nourrir une bouche à fortiori une famille. Un humoriste avait ironisé sur la fonction publique guinéenne du temps de la révolution en disant : « Sékou Touré fait semblant de payer ses travailleurs, ses travailleurs font semblant de travailler. » Cette triste réalité reste malheureusement la même jusqu’à nos jours. Aucun fonctionnaire guinéen n’est en mesure de s’offre un toit ou toute autre commodité de la vie à partir de son salaire, il ne peut le faire que s’il a l’opportunité de puiser dans les caisses de l’Etat.

Les deux ou trois prochaines années nous édifieront sur la marche de l’administration publique annoncée, sera-t-elle ou non performante ? Wait end see !

Walaoulou BILIVOGUI