Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le 1er vice-président, également député de l’Union des forces du changement (UFC), se dit peiné du décès de Me Salif Kébé, qui selon lui était un « grand intellectuel ». Par ailleurs, Kaly Bah parle de la nouvelle Assemblée nationale. Lisez !
Actualité oblige, Me Salif Kébé, président de la CENI a rendu l’âme ce vendredi. Quels sont vos sentiments ?
Je suis affligé. C’est une très grande perte pour la Guinée, d’autant plus que j’ai côtoyé l’homme. C’est un grand intellectuel, un grand magistrat du pays que nous avons perdu.
Je me souviens lorsqu’il a été élu, il a fait le tour des partis politiques. Il est venu à l’UFC avec son équipe, je me souviens ce jour-là, lorsqu’il a fini de faire sa communication. J’ai pris la parole, j’avais un livre à côté de moi que j’ai lu, j’ai beaucoup apprécié. Ce livre intitulé ‘’le carnet secret d’une alternance’’, écrit par le général Cissé du Sénégal qui il faut le rappeler, avait organisé les élections présidentielles au Sénégal entre Abdoulaye Wade et Abdoul Diouf.
« J’ai dit à Me Kébé, j’ai ce livre excusez-moi, si vous ne l’avez pas lu, je vous le prête, vous allez le lire, c’est un livre qui va beaucoup vous inspirer ». Il m’a dit qu’effectivement qu’il avait reçu un lot, qu’il a partagé à son équipe. J’ai dit à Me Kébé ce jour-là, « vous écrivez avec votre main gauche, il me semble être que vous êtes quelqu’un d’intelligent. Donc de ce point de vue, faites en sorte les élections en Guinée soient transparente inclusive crédible ». Il m’a dit que « je le ferai, j’ai prêté serment. C’est pourquoi j’ai accepté d’être à la présidence de la CENI ». Jusqu’à présent cela retentisse dans mon esprit.
Donc, c’est un grand homme, un guerrier, un patriote émérite que nous avons perdu.
Vous savez la mort c’est la mort. Elle frappe à toutes les portes, quoique l’on fasse, il ne faut jamais l’oublier. Lorsque quelqu’un décède, il faut accepter de lui pardonner tout ce qu’il a fait c’est important. J’insiste là-dessus, parce que, ce que j’ai vu sur les réseaux sociaux ce n’est pas reluisant de la part de certains compatriotes, qui se réjouissent de la mort de quelqu’un, ce n’est pas humain, ni religieux, ce n’est pas avoir la foi. Lorsqu’on a la foi, on se dit qu’un jour ou l’autre, on répondra à l’appel du bon Dieu. C’est même écris dans de cimetières. ‘’Nous étions comme vous, vous serez comme nous’’. La mort rassemble, elle ne disperse pas, la mort unie, elle ne désunie pas. La mort prône la paix.
Donc, je prie le Bon Dieu qu’il accueille l’âme de Me Kébé dans son paradis Firdaws.
En dehors de cette perte, il y a que la Cour Constitutionnelle a confirmé les résultats provisoires des élections législatives. Vous êtes élu sur la liste de l’UFC. Quels sont vos sentiments ?
C’est un sentiment de satisfaction, d’autant plus que c’est la deuxième fois que l’Union des forces du changement (UFC) participe à des élections dans notre pays. Nous sommes légalistes, républicains à l’UFC. Nous nous conformons strictement à la loi. C’est pour cette raison que nous avions dit bien avant, que lorsque la CENI se prépare et nous annonce que les élections auront lieu à une date, nous serons présents. C’est pourquoi nous avons assisté aux élections communales et communautaires. Nous avons aussi assisté aux élections législatives. Nous avions estimé avoir 12 députés nous l’avons dit au départ. Mais chemin faisant, vous savez l’homme propose Dieu dispose. Nous avions voulu présenter des candidats à l’uninominal dans certaines circonscriptions électorales. Mais tirant des leçons du passé, analysant le déroulement des opérations, nous avons estimé qu’il fallait présenter une liste nationale ce qui fut fait et finalement nous avons eu 2 députés à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas négligeable d’autant plus que c’est la deuxième fois que nous assistons à des élections. C’est un coup d’essai.
Je suis sûr et certain que si nous avions des candidats à l’uninominal, nous aurions dû avoir au minimum les 10 députés.
Je pense que dans l’avenir, nous ferons davantage. Nous avons eu beaucoup d’expériences maintenant en matière électorale. Nous allons tirer les leçons pour poser des actes positifs allant dans le sens de la satisfaction, de la qualification des activités de notre parti l’UFC.
Quel sera votre combat au sein de l’hémicycle ?
Nous avions dit lors de la campagne, nos propositions de lois seront à l’ordre du jour lorsque nous serons à l’hémicycle. Nous allons nous battre pour que ces lois voient le jour à la satisfaction de la population guinéenne. Parce qu’en fait, c’est elle qui nous a mandaté. C’est pourquoi nous sommes à l’hémicycle. Il ne faut pas qu’on oublie cela. Donc nous allons voter des lois à la satisfaction des populations guinéennes. Tout ce qui sera à l’encontre du bon vouloir ou de la prospérité ou bien de la volonté populaire, nous serons contre. Nous allons essayer de représenter valablement les populations qui ont voté pour nous et nous allons mettre le pays en avant parce que c’est le plus important. De ce point de vue le peuple de Guinée peut compter sur les députés de l’UFC pour que toutes les propositions qu’il aura à faire soient traduites devant l’Assemblée en loi à son bénéfice.
Est-ce que vous prendrez part dans groupe parlementaire ou bien vous serez dans les ‘’non inscrit’’ ?
Ce n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Parce que nous n’avons même pas d’abord procédé à la rentrée parlementaire. C’est prévu ce 21 Avril. Donc après ça, on va voir. Nous à l’UFC on est jamais pressé, c’est ça notre force. Tout problème qui se pose, on le met devant le bureau exécutif avant que le président ne décide.
Justement, la session inaugurale de cette neuvième législature est prévue ce mardi. Mais la Guinée est confrontée à la pandémie Covid-19 qui secoue le monde. Aujourd’hui nous sommes à plus de 500 cas positifs. Certains appellent à ce que cette rentrée parlementaire soit reportée. Quel est votre point de vue ?
Le palais du peuple peut contenir des milliers de personnes. 114 députés par rapport à des milliers de personnes qui ont l’habitude d’être installé, c’est une goutte d’eau. L’espacement sera respecté, les barrières sanitaires seront respectées. Et on a testé la majorité des députés, il y a que 3 qui sont supposés être positifs, même ça ils sont entrain de revérifier. Donc de ce point de vue tous les députés sont presque négatifs. Donc, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas siéger.
Quel message avez-vous à l’endroit des citoyens guinéens, surtout à ceux qui menacent d’empêcher l’installation de la nouvelle Assemblée ?
Je voudrai dire aux uns et aux autres de se ressaisir. Nous sommes 80% de musulman, il faut être croyant et avoir la foi parce qu’il y a certains qui sont croyants mais qui n’ont pas la foi. Le destin d’un Homme, c’est Dieu qui le façonne dans le ventre de sa mère. Quel que soit la circonstance, il faut accepter de se ressaisir, d’éviter toute sorte de violence. La violence appelle la violence, et ce n’est pas bien. Jusque-là, Dieu nous a épargné cette violence étant un ilot de paix autour des pays qui ont connu la violence dans la sous-région. Il y a une grande personnalité dans ce monde après la guerre mondiale qui dit, « mieux vaut faire bla-bla que de faire boum-boum », c’est Wiston Churchill qui l’a dit, c’est important ce qu’il a dit parce qu’il a connu les guerres mondiales. Donc je voudrai faire appel à la retenue des uns et des autres.
Aujourd’hui nous sommes à un stade où tout le monde est éprouvé. D’abord cette pandémie, il faudrait que chacun pense plutôt à ses prochains, à les protéger et penser davantage à protéger la collectivité, parce que c’est de ça qu’il s’agit. La maladie ne connait pas du tout, opposition, mouvance, c’est lui qui est en face il la prend Dieu seul sait s’il va se sauver ou pas. C’est Dieu qui sauve. Donc j’appelle tout le monde à la retenu, et d’accepter l’humilité, le pardon. Et quelqu’un l’a dit souvent ‘’c’est Dieu qui arrange les choses’’. Le Bon Dieu nous le prions pour qu’il puisse entourer la Guinée de sa miséricorde pour que cette maladie disparaisse et qu’il y ait la concorde sociale, la paix, l’amitié et l’unité entre les populations guinéennes.
Entretien réalisé par Sadjo Diallo