Ce mardi 15 octobre 2019, deuxième journée de manifestations en Guinée contre un troisième mandat, Sydia Touré s’est entretenu au téléphone avec un groupe de journalistes postés devant son domicile quadrillé par les forces de l’ordre. Le président de l’UFR a réagi à la nouvelle offre du chef de l’Etat et dressé un bilan des arrestations et autres actes d’agression subis par des responsables de son parti à Conakry et à l’intérieur du pays.
Quel enseignement avez-vous tiré de la manifestation d’hier ?
Je pense que les manifestations d’hier ont réussi. La majorité des guinéens étaient opposés à cette idée de troisième mandat d’Alpha Condé. C’est vraiment la première conclusion qu’on tirer de cette manifestation.
Ensuite, nous estimons que le pouvoir a été fébrile parce que je ne vois pas de raison pour laquelle on peut tirer sur des jeunes gens en train de manifester dans un pays où la constitution leur donne absolument ce droit.
On s’est rendu compte que notamment en ce qui concerne l’UFR, nos militants ont été visés de telle façon qu’on puisse casser les manifestations. Ce qui n’a pas
marché. De Matoto jusqu’à Kaloum, près de 40 personnes ont été arrêtés y compris le responsable de la jeunesse du parti dont la concession familiale a été agressée, des gens ont été blessés, des véhicules ont été saccagés. Je pense que ça, ce genre de comportement n’honore pas le gouvernement.
La deuxième chose, on a sauté montrer qu’en Haute Guinée, il ne pourrait y avoir une manifestation contre le troisième mandat. Donc hier les manifestants qui s’étaient réunis au siège de l’UFR à Kankan ont été agressés et le siège totalement saccagé. Ils ont été envoyés par la police ce matin, ils ont été déférés et conduits en prison, il y a une douzaine comme çà.
A Siguiri, c’est l’intimidation, à Macenta on a un blessé ce matin on ne sait pas encore dans quelle état il se trouve. Donc voilà un peu ce qui s’est passé hier.
Le semblant de main tendue du pouvoir ?
C’est le FNDC qui a lancé le mouvement que nous connaissons aujourd’hui, y compris la société civile et nous. Il faut commencer par libérer les responsables du FNDC qui ont été arrêtés dans les circonstances que vous connaissez, c’est-à-dire de manière illégale avant qu’on ne discute de tout cela.
Mais je vais vous dire que c’est une habitude du pouvoir d’Alpha Condé. Chaque fois qu’il y a une crise, on vous lance une offre. Le temps de vous laisser revenir sur çà, ils continuent leur programme.
Cellou et moi avions écrit avant que la crise n’arrive à ce niveau au ministre de l’Administration et du Territoire pour demander à ce que le comité de suivi soit réactivité. C’est simplement pour baisser la tension, nous n’avons aucun intérêt à nous inscrire dans une aventure pareille.
Le quadrillage de son domicile par les gendarmes et la police ?
C’est vraiment illégal. Cellou c’est la même chose. En fait, l’objectif c’est pour qu’on ne se retrouve pas pour tenir des réunions et parler avec les autres membres du FNDC.
Ce genre de chose, en sortant de cette histoire, nous allons porter plainte.
Mais de toute façons, n’oubliez pas une chose : il ne s’agit pas de Cellou ni d’Ousmane Kaba ni de qui que ce soit. L’objectif des guinéens, c’est qu’ils ne veulent pas d’un troisième mandat d’Alpha Condé. Après neuf années qu’ils ont subies et dont les résultats catastrophiques sont connus de tous, voilà les problèmes de la Guinée.
Si Alpha veut faire avancer les choses, qu’il se conforme à la constitution sur laquelle il a juré à deux reprises. Qu’il se comporte en homme de parole en disant : je ne suis pas candidat pour un troisième mandat
L’apaisement reviendra dans ce pays et les perspectives pour les guinéens d’une alternance et un gouvernement nouveau qui pourra s’occuper de leurs problèmes ramèneront la quiétude dans toutes les familles
Alpha Amadou Diallo