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Trop c’est trop ! Face à certaines situations, se taire devient un crime. Les décomptes macabres, nous n’en voulons plus dans le pays d’Alpha Condé. La vie de l’homme étant sacrée, il est temps qu’on se réveille de notre profond sommeil pour mettre fin à ces tueries qui sont devenues récurrentes. Comment comprendre qu’on tue des Guinéens à balles réelles parce qu’ils sont sortis exprimer une opinion ?

Manifester est un droit consacré par l’actuelle Constitution pour la défense de laquelle, dix (10) guinéens ont été arrachés à l’affection de leurs parents.  Comme c’est souvent le cas depuis l’arrivée au pouvoir de ce régime, les forces de l’ordre censées sécuriser la population sont pointées du doigt. Les gendarmes et policiers qui doivent sécuriser les manifestants s’érigent en des ennemis, et ce sont les pauvres citoyens qui paient les frais.

Déjà, au bout de trois jours de manifestations contre le projet de nouvelle constitution visant à donner un mandat de plus à l’actuel locataire du palais Sékhoutouréyah, dix jeunes guinéens pleins d’espoir sont tombés. À Cosa par exemple, un quartier réputé être chaud et fief de l’opposition, une des victimes a été mortellement fauchée par une balle pendant qu’elle se trouvait dans les toilettes. Incroyable mais vrai ! Mais, ce n’est pas tout.

Dans ces moments de grande tristesse et de désolation, les forces de l’ordre qui, si l’on se permet de dire, ont une pierre à la place du cœur, font des descentes musclées dans des familles endeuillées pour les empêcher de faire leur deuil.  Quelle cruauté de l’espèce humaine !

Le plus sidérant, c’est que les auteurs des tueries et autres exactions à l’encontre des citoyens ne sont jamais démasqués et sanctionnés. Ils ont la garantie de l’impunité et ne sont donc nullement inquiets. D’ailleurs, les autorités chargées de punir ces agents indélicats qui ont la gâchette facile, ne se gênent pas à les défendre becs et ongles. Le peuple reste ainsi sans défense et cela doit s’arrêter.

Le gouvernement qui a le devoir régalien de protéger ses citoyens, observe une indifférence totale comme si ceux qui sont morts par balles ne sont pas des GUINÉENS ou ne méritent pas de vivre sur le sol guinéen.

Parfois, des communiqués sont faits pour irriter les parents des victimes. Car, nos gouvernants ont l’INTELLIGENCE et l’HABILETÉ de passer un communiqué pour dire aux parents  des victimes que ce sont vos enfants qui entre-tuent eux-mêmes. Une façon de disculper les vrais auteurs qui sont connus de tous. Et, très peu de gens osent lever le petit doigt pour dénoncer ces exactions. Ceux qui le font, sont traités sous l’angle ethnique.

Ces comportements d’un autre siècle doivent s’arrêter maintenant, et c’est à nous, à tout le peuple de Guinée de le freiner. Comme le disait Ché Guevara : « celui qui n’a pas le courage de se rebeller n’a pas le droit de se lamenter ». Arrêtons de faire des Guinéens des agneaux de sacrifice.

Le combat, c’est maintenant. Et pour le gagner, il faut un effort conjugué de tous. Aucun guinéen n’est supérieur à l’autre et ce pays nous appartient tous.

Par Siba Guilavogui, journaliste et activiste des Droits de l’Homme