La Cour suprême de Guinée a récemment rejeté la requête de l'Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB), qui contestait la décision de rebaptiser l’aéroport international de Conakry au nom de l’ancien président Ahmed Sékou Touré. Malgré cette décision défavorable, l’AVCB ne se considère pas vaincue et envisage de nouvelles actions, a déclaré son avocat.
Après plus de deux ans d’attente, l’AVCB a finalement reçu la décision tant attendue dans le cadre du litige l’opposant à l’État guinéen. La Cour suprême a rejeté leur recours pour "irrecevabilité", une décision qui suscite l'incompréhension et la frustration au sein de l’association.
« Ce qui me surprend, c’est surtout le délai », a réagi Maître Ahmadou Baïdy Habib Tall, l’un des avocats représentant l’AVCB. « Nous avons déposé cette procédure il y a plus de deux ans et demi, et aujourd'hui, la Cour nous informe simplement que nous n’avons pas la qualité requise pour agir. C’est incompréhensible », a-t-il ajouté.
Pour Maître Tall, la décision ne repose sur aucun fondement juridique valable. Il insiste sur le fait qu’il n’existe, selon lui, aucune justification pour maintenir le décret rebaptisant l’aéroport. « Ahmed Sékou Touré ne mérite pas d’être honoré de cette manière. Il a détruit ce pays, il a massacré des cadres, et il est en grande partie responsable du retard que la Guinée connaît encore aujourd’hui. Il est incompréhensible qu’on célèbre un homme responsable de crimes de sang », a-t-il martelé.
Quant à la suite à donner à ce dossier, l’avocat se montre prudent mais déterminé : « Nous allons nous concerter au sein de l’AVCB pour déterminer les prochaines étapes. En tant que victime et fils de victime, je ne peux pas prendre cette décision seul. C’est un combat collectif. »
L’avocat conclut en dénonçant l’indifférence des autorités face aux injustices du passé, estimant que cette attitude compromet la réconciliation et la cohésion sociale en Guinée. « Tant que ces questions ne seront pas réglées, le pays continuera de souffrir de ses divisions internes », a-t-il averti.
Malgré ce revers judiciaire, l’AVCB semble bien décidée à poursuivre son combat pour la reconnaissance des victimes du régime de Sékou Touré et la révision des décisions qui, selon elle, honorent à tort l’ancien dictateur.
Saliou Keita