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Dans la nuit du 6 octobre 2024, Kindia, habituellement une ville paisible, a été secouée par une arrestation qui met en lumière un fléau insidieux : le trafic d’êtres humains. Un homme, chauffeur de taxi, a été intercepté par une patrouille mixte de la première région militaire de Kindia, alors qu’il transportait six enfants mineurs en provenance du Liberia. Le scénario semble presque banal, mais les apparences sont souvent trompeuses.

Ousmane Diallo, le chauffeur en question, clame son innocence. Il affirme avoir simplement accepté de transporter les enfants à la demande d’un ami résidant au Liberia. Selon ses dires, ces enfants, qui étaient initialement une dizaine, devaient être conduits à Labé, une ville située à plusieurs centaines de kilomètres de Kindia.

Il précise qu’il ne connaît ni l’identité exacte des familles des enfants, ni leur véritable destination. Pourtant, de tels propos, loin de dissiper les doutes, soulèvent davantage de questions.

Les autorités locales, en collaboration avec l'Office de Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM), mènent l’enquête pour élucider cette affaire. Mais déjà, les zones d’ombre sont nombreuses. Comment ces enfants, originaires du Liberia, ont-ils traversé plusieurs frontières sans être repérés plus tôt ? Qui sont ces familles mystérieuses auxquelles ils sont censés appartenir ? Et surtout, quelle est la véritable nature du rôle joué par Ousmane Diallo ?

Dans ce contexte, la ligne entre l’ignorance et la complicité peut être mince. Transporter des enfants mineurs sans en connaître les détails, les identités ou les destinations précises devrait interpeller n’importe quel citoyen. Que ce soit par naïveté ou par négligence, le simple fait de participer à de tels trajets en dehors des circuits légaux est un signal d’alarme.

Cette arrestation à Kindia n’est pas un cas isolé. Le trafic d’êtres humains, et en particulier d’enfants, est un phénomène en recrudescence dans la sous-région ouest-africaine. De nombreuses victimes, souvent sous prétexte de migrations ou d'adoptions, tombent entre les mains de réseaux sans scrupules. Des vies brisées, des enfances volées.

Les autorités guinéennes ont désormais la responsabilité de mener cette enquête avec la rigueur et la transparence nécessaires. Il ne s’agit pas simplement d’un fait divers ; il en va de la protection des plus vulnérables, nos enfants, et de la lutte contre un crime abject qui gangrène nos sociétés.

Ousmane Diallo aura l’opportunité de prouver son innocence. Mais au-delà de son cas personnel, c’est tout un système qui doit être interrogé et remis en cause. Le trafic d’êtres humains ne prospère que grâce à la faiblesse des contrôles et à l’indifférence généralisée. Espérons que cette affaire serve de leçon et réveille les consciences, car aucun enfant ne devrait être réduit à un simple « passager » dans une odyssée de l’horreur.

Alkhaly Soumah