Trois otages israéliens et cinq Thaïlandais ont été libérés ce jeudi 30 janvier après bientôt seize mois de captivité à Gaza. Après avoir retardé un temps la libération de quelque 110 prisonniers palestiniens, Israël a donné son feu vert : deux bus transportant des dizaines de détenus palestiniens ont quitté la prison d'Ofer.
Soigneusement mise en scène, la première libération, celle d'Agam Berger, a eu lieu ce jeudi matin à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. La soldate de 20 ans avait été capturée le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas contre Israël, alors qu'elle faisait son service militaire près de l'enclave palestinienne. Elle a été remise au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avant de regagner Israël.
Sa famille a remercié « les forces de sécurité et le peuple d'Israël pour leur soutien et leurs prières ». Son père, Shlomi Berger, a confié son émotion à notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. « Je suis heureux. Je ne trouve pas les mots pour l’exprimer ». « Grâce à Dieu, ce moment est arrivé et Agam, notre héroïne, nous a été rendue après 482 jours aux mains de l'ennemi », écrit encore la famille dans un communiqué publié après l'annonce par l'armée israélienne des retrouvailles entre la soldate et ses parents. « Agam et notre famille peuvent maintenant commencer le processus de guérison, mais celui-ci ne sera terminé que lorsque tous les otages seront rentrés chez eux », ajoute aussi le texte.
Trois heures plus tard, ArbelYehud, une civile de 29 ans, et un agriculteur de 80 ans, Gadi Moses, tous deux Germano-Israéliens pris en otage au kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël, ont à leur tour été libérés à Khan Younès par des hommes armés et cagoulés du Jihad islamique et du Hamas. Cinq otages thaïlandais ont également été libérés, hors du cadre de l'accord de trêve. À Khan Younès, une ville dévastée par des mois de combats, des centaines de personnes s'étaient rassemblées pour assister à ces libérations organisées à proximité de la maison détruite de Yahya Sinouar, l'ex-chef du Hamas tué par l'armée israélienne.
Israël autorise la libération de détenus palestiniens après avoir eu des « garanties » sur les prochains échanges
La libération des trois otages israéliens doit intervenir dans le cadre d'un échange contre 110 Palestiniens détenus par Israël, incluant 32 condamnés à perpétuité, selon une ONG palestinienne. Le gouvernement israélien a annoncé cet après-midi avoir ordonné de « retarder » leur libération prévue dans la journée, « jusqu'à ce que la libération de nos otages soit garantie en toute sécurité lors des prochaines étapes », selon un communiqué du bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahu, après le chaos ayant présidé plus tôt à la libération d'une otage israélienne, ArbelYehud, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Finalement, le même bureau a indiqué peu après avoir reçu la « garantie » que les prochaines libérations d'otages captifs à Gaza se feraient « en toute sécurité ». Deux bus affrétés par la Croix-Rouge et transportant des dizaines de Palestiniens ont ensuite quitté la prison israélienne d'Ofer, en Cisjordanie occupée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un quatrième échange est prévu samedi 1ᵉʳ février, avec la libération de trois hommes, tous en vie, selon le calendrier annoncé cette semaine par Israël. Mais le Hamas a averti que les libérations à venir pourraient être compromises, en accusant Israël de retarder l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza prévue par l'accord de trêve. Israël a démenti.
Dix otages israéliens ont été libérés jusqu'ici. Ils ne se sont pas exprimés sur leur détention pour l'instant. La sortie est un long processus, explique Daniel Shek, un des porte-parole des familles d'otages, ancien ambassadeur d'Israël en France. Explications recueillies par Murielle Paradon et Nicolas Benita de RFI.
Les sept premières Israéliennes à être libérées l'ont été contre 290 Palestiniens, le 19 janvier, au premier jour de la trêve, puis le 25 janvier. L'accord de cessez-le-feu prévoit, durant une première phase de six semaines, la libération de 33 otages en échange d'environ 1 900 Palestiniens, mais les autorités israéliennes ont prévenu que ce premier groupe comprenait huit otages morts.
Retour de l'aide internationale
Le cessez-le-feu a permis un afflux de l'aide internationale dans le territoire assiégé par Israël, où les besoins sont immenses. Le 29 janvier cependant, des responsables du Hamas ont accusé Israël de retarder l'entrée de l'aide, notamment « de carburant, de tentes, de caravanes, de machinerie lourde », et averti que cela pourrait « affecter le déroulement normal de l'application de l'accord, y compris concernant les échanges des prisonniers ».
Contacté par l'AFP, le Cogat, l'organe du ministère de la Défense israélien chargé des affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés, a dénoncé une « fake news ». Selon le Cogat, « 3 000 camions sont entrés à Gaza » entre le 26 janvier et mercredi à la mi-journée. Alors que la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre, des centaines de milliers d'entre eux ont commencé depuis lundi à rentrer dans le nord, parcourant à pied des kilomètres au milieu des ruines.
Rfi