L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a plaidé non coupable de crimes contre l'humanité à l'ouverture de son procès, jeudi, devant la Cour pénale internationale (CPI), de même que son coaccusé Charles Blé Goudé, ancien chef de milice.
Laurent Gbabgo plaide non coupable. L'ancien président ivoirien comparait jeudi 28 janvier devant la Cour pénale international (CPI) pour crimes contre l'humanité, cinq ans après la crise post-électorale qui s’était soldée par la mort de 3 000 personnes en Côte d'Ivoire. Un procès particulièrement attendupuisqu’il est le premier d’un ancien chef d'État africain à La Haye.
"Je plaide non coupable", a déclaré l'ex-chef d'État, après lecture des charges par un représentant du greffe : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions. Son ancien ministre de la Jeunesse et coaccusé, Charles Blé Goudé, ex-chef de milice, a lui aussi plaidé non coupable.
Âgé de 70 ans, Laurent Gbagbo est accusé d'avoir fomenté et mis en œuvre un "plan" afin de rester au pouvoir après l'élection, en novembre 2010, de son rival et actuel président Alassane Ouattara.
L'accusation affirme que l'ancien président a fomenté ce "plan" alors qu'il était encore au pouvoir, "sachant qu'une élection présidentielle libre était à terme inévitable". Le tout avec l'aide de la police, de l'armée et plusieurs mouvements de partisans, dont celui des Jeunes patriotes menés par Charles Blé Goudé, appelé le "général de la rue". La procureure Fatou Bensouda a promis de faire "jaillir la vérité". "Nous sommes convaincus que les éléments de preuve que nous avons recueillis seront suffisamment convaincants pour prouver la culpabilité des accusés au-delà de tout doute raisonnable", a-t-elle ajouté.
Le procès devrait durer trois ou quatre ans
La défense assure, elle, que l'ancien président était un fervent défenseur de la démocratie et conteste l'existence même d'un "plan commun". Pour Laurent Gbagbo et ses partisans, dont 1 500 sont attendus jeudi devant la CPI, la France est derrière le "complot" qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.
Reporté à plusieurs reprises, ce procès, qui devrait durer trois à quatre ans, est attendu par les partisans de Ouattara comme par les fidèles de Gbagbo, d'autant que cela repose la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation. "Nous espérons que les victimes des violences post-électorales et les familles endeuillées soient entendues et, éventuellement, obtiennent réparation à l’issue du procès", estime Yacouba Doumbia, du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), interrogé par France 24. "Ce procès a un rôle éminemment pédagogique aussi bien pour la Côte d'Ivoire que pour l'ensemble des chefs d'État africains qui s'accrochent au pouvoir", commente Yacouba Doumbia.
Jugée en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise, Simone Gbagbo, l’épouse de Laurent, a été condamnée à vingt ans de prison, en compagnie de 78 autres personnes.
Laurent Gbagbo s'est accroché au pouvoir "par tous les moyens", a accusé jeudi la procureure de la Cour pénale internationale à l'ouverture du procès de l'ancien président ivoirien, cinq ans après des violences ayant déchiré la Côte d'Ivoire.
"La Côte d'Ivoire a sombré dans le chaos et a été le théâtre de violences innommables", a également déclaré la procureure Fatou Bensouda devant la CPI.
Des centaines de partisans de M. Gbagbo, qui reste une figure influente en Côte d'Ivoire, s'étaient déplacés à La Haye. Une cinquantaine d'entre eux avaient pris place dans la galerie du public et l'ont copieusement acclamé à la clôture de l'audience.
M. Gbagbo est le premier ex-chef d'État poursuivi par la CPI. Son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit durer entre trois et quatre ans, est un vrai test pour la Cour, entrée en fonction en 2003.
Avec AFP
Première