La visite du Général Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence et porte-parole du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), ce samedi à N’Zérékoré, a revêtu une importance symbolique certaine pour la région forestière. Mais derrière les drapeaux et les sourires officiels, une mesure a laissé un goût amer : la fermeture généralisée des commerces.
Cette décision suscite des interrogations légitimes. Pourquoi immobiliser l'activité économique d'une ville entière pour l'accueil d'un représentant de l'État? Le phénomène devient presque systématique lors des visites des autorités de la transition, comme en témoigne le récent déplacement du président du Conseil National de la Transition (CNT) dans cette même région. Mais ce qui pourrait s'interpréter comme une volonté d'assurer une réception sans faille ressemble davantage, pour les habitants, à une contrainte pesante et répétée.
Pour les commerçants, la mesure ressemble à une double peine. Déjà confrontés aux difficultés d’une économie régionale vacillante, ils doivent supporter l’arrêt brutal de leurs activités. « Nous respectons les autorités et leur mission, mais pourquoi cela doit-il affecter notre quotidien et notre gagne-pain ? Une ville ne doit pas s’arrêter à chaque visite officielle », s’indigne un commerçant du grand marché, excédé par ces interruptions forcées.
Ce choix de fermer les boutiques n’est pas anodin ; il soulève des questions sur la gestion même des déplacements des responsables de l’État. Faut-il sacrifier la continuité économique sur l’autel d’une mise en scène officielle ? Comment concilier l’accueil digne d’un représentant de la transition avec la réalité de ceux qui peinent à maintenir leur commerce à flot ?
Pour beaucoup, il est temps de repenser ces pratiques. Les visites officielles doivent être des moments de dialogue et de rapprochement avec les citoyens, pas des sources de blocage. N’Zérékoré mérite mieux que de devenir le symbole d’une ville paralysée. Elle doit incarner une unité dynamique, où les autorités et la population avancent ensemble, et non à contre-courant.
Amadou Diallo