La tragique disparition de Fatoumata Binta Barry, une jeune Guinéenne de vingt ans, soulève des interrogations sur la violence domestique, l'impunité et la complicité silencieuse d'un entourage complice. Morte après avoir été brûlée vive par son mari, Mamadou Dian Barry, l'affaire met en lumière l'horreur d'une situation qui aurait pu être évitée, mais qui a été longtemps étouffée.
L'incident remonte à plus d'un mois. Fatoumata, mère d'un jeune enfant, découvre que son mari, qu’elle avait épousé dans l’espoir d’une vie tranquille, la trompait avec une jeune Congolaise. Ce moment de trahison ne tarde pas à provoquer une violente altercation. Cependant, ce que l’on croyait être une dispute conjugale prend une tournure dramatique lorsque l'époux revient chez eux après avoir accompagné sa complice et, dans un acte de cruauté insensée, asperge sa femme de pétrole avant de l'enflammer. Le mari s'évapore dans la nature, laissant une jeune mère agonisante, victime de son impitoyable colère.
Après un mois de souffrances à l’hôpital, Fatoumata rendra l’âme, abandonnée par un mari dont le geste meurtrier n'aura été ni puni ni dénoncé pendant tout ce temps. Ce n’est que bien après que la vérité éclate au grand jour. Ce silence, d’abord entretenu par les proches de la victime et l'imam local, a duré près de 45 jours, jusqu’à ce que l’affaire soit révélée via les réseaux sociaux.
C’est ainsi que Kourouma Norbert François, consul honoraire de la République de Guinée au Congo-Brazzaville, a été informé de cette tragédie. « On m’avait caché l’affaire. C’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai appris le décès de la jeune Guinéenne », confie-t-il, visiblement bouleversé. Après avoir pris les mesures nécessaires, le mari meurtrier a enfin été interpellé, le 12 novembre, à la demande de l’ambassade de Guinée.
Ce drame tragique met en exergue la gestion opaque de l’affaire par les autorités locales, les proches de la victime et la communauté, qui ont choisi de dissimuler cette violence. L'imam, qui a accepté de prier sur le corps sans alerter les autorités, apparaît comme l'un des acteurs de ce silence coupable, tant la gravité des faits exigeait une intervention immédiate.
Aujourd’hui, l'enquête menée par la police congolaise reste en cours, mais elle interroge : combien de femmes sont-elles encore victimes de violences domestiques silencieuses ? Combien de tragédies sont cachées, dissimulées derrière un voile de honte, d’ignorance et de complicité ? Fatoumata Binta Barry ne sera plus là pour témoigner de son calvaire, mais son histoire soulève des questions urgentes sur la place de la femme, la justice et la responsabilité collective face à la violence conjugale.
Saliou Keita