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Dans une récente polémique, une tentative de réécriture de l'histoire de la ville de Mamou suscite l'indignation. Une publication attribuant sa fondation à l'Almamy Bademba Barry, relayée par des cadres de l'administration guinéenne, est dénoncée par des acteurs de la société civile. Cette analyse met en lumière la manipulation présumée des faits historiques, soulignant l'importance de préserver une mémoire collective basée sur des sources vérifiées.

Quelle absurdité à la mémoire historique de la ville de Mamou ? La mémoire est importante au sein d’une société dans la mesure où elle nous permet d’intégrer, de conserver et de restituer des informations crédibles pour interagir avec notre environnement. Elle rassemble les savoir-faire, les connaissances et les souvenirs. Elle est surtout indispensable à la réflexion et à la projection de chacun dans le futur.

À ce titre, le Directeur préfectoral de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat étant le représentant local du Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, chargé de mettre en œuvre les politiques et programmes du ministère au niveau préfectoral. Il agit en relais du ministère pour adapter les politiques nationales aux réalités locales et encourager le développement de la culture, du tourisme, et de l’artisanat au sein de sa préfecture.

Cependant, quelles sont les motivations du Directeur préfectoral de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat de Mamou et le fonctionnaire du SNABE de la Présidence pour attribuer sournoisement la fondation de Mamou à l’Almamy Bademba Barry ? Pourquoi a-t-il associé le Ministre Moussa Moïse Sylla et son Département dans la diffusion de cette fausse information, d’instrumentalisation et de tentative de falsification des faits historiques ? Auraient-ils consulté la Direction des Archives Nationales de Guinée ou de la France ? Auraient-ils consulté le service ou la direction des Archives locales de Mamou pour tenir cette affirmation mensongère dénuée de toute responsabilité morale, administrative, etc. ? Que savent-ils des fondements politiques, géographiques et culturelles de Mamou avant et pendant l’administration coloniale française ?

Au regard des faits, contrairement aux allégations de deux cadres de l’administration guinéenne, il est important de le savoir qu’ancien cercle, Mamou, ainsi désignée du nom de la rivière qui le traverse, avant d’aller se joindre à la Kaba pour former la petite Scarcie. Mamou a été fondée par l’administration coloniale française à travers l’arrêté du Gouverneur général de l’Afrique occidentale française en date du 14 décembre 1908, créant les nouvelles circonscriptions de Mamou, Suarella, Ditinn et Tougué et rattachant le canton de Kokounia (Farenta) au cercle de Mamou et les territoires de Toumanéa au cercle de Dinguiraye. Aussi, une décision du Gouverneur en date du 09 janvier 1909, l’Agence spéciale de Timbo où fut et exerçait l’Almamy Bademba fut transportée à Mamou.

Le 25 janvier, l’administrateur était avisé que par arrêté du Gouverneur du 14 décembre 1908, l’ancien Cercle de Timbo est partagé en deux circonscriptions, l’une comprenant les provinces de Timbo et du Kolen et devenant le Cercle de Suarella; l’autre, comprenant les provinces de Bouria et de Téliko, et la province de Kokounia (Farenta), détaché du cercle de Kindia devenant le nouveau cercle de Mamou. La condition actuelle de la nouvelle cité a été officiellement fixée notamment la fondation administrative de Mamou.  Cependant, deux facteurs ont joué en faveur de Mamou et qui en ont fait une ville. D’abord, le point était un caravansérail important sur la route des convois de gomme qui  deviendra la route du Niger. Ensuite sur le tracé du chemin de fer Conakry-Niger, la rivière Mamou était une étape technique pour refaire le plein d’eau. La France en a fait une gare.

En complément d’information, un autre arrêté pris par Williams Ponty, Gouverneur général de l’Afrique occidentale portant délimitation des circonscriptions administratives de la Guinée française en date du 21 juin 1911 qui fixe les limites du cercle de Mamou ainsi qu’il suit : à l’Est, avec le cercle de Faranah dont la limite est constituée par la rivière Kaba ou petite Scarcie, depuis le point où elle coupe la frontière Sierra-Léonaise jusqu’au point nommé Djilondéto par la carte Meunier, sur la ligne télégraphique Bambaïa-Faranah. Au Sud-ouest, avec le cercle de Kindia dont : 1° La limite est constituée par le cours de la rivière Lolo, depuis sa rencontre avec la frontière anglaise de Sierra-Leone jusqu’au point où son cours est le plus rapproché du mont Farindiala; 2° A partir de ce point par une ligne droite passant au pied de cette élévation pour suivre le cours du Sankouré puis celui du Kakélédaka, jusqu’à son confluent avec le Konkouré; 3° Par le cours du Konkouré jusqu’à la limite du cercle de Ditinn au confluent de la rivière Kofi. A l’Ouest et au Nord-Ouest, avec le cercle de Ditinn dont : 1° La limite est constituée à partir de Konkouré par la ligne de partage des eaux du Koba et du Bendélé, Bouliwel étant à Timbo et Diaguissa à Ditinn ; 2° Par la ligne de partage des eaux du Tounkan et du Sirakhouré jusqu’à Bantanko, village de culture de Bouria (Timbo). Au Nord-Ouest, avec le cercle de Timbo dont la limite est constituée par une ligne conventionnelle partant de Bantanko, village de culture de Kouria laissant Bouria au Sud, coupant la ligne du Chemin de fer à 5 kilomètres environ au Sud de Dounet; laissant au Sud les villages de Palisard et de Boubouya pour aboutir sur la Kaba au point dénommé Djilondéto sur la carte Meunier, sur la ligne télégraphique Bambaia-Faranah. Cette limite laisse à Mamou les provinces de Téliko, Bouria, Kôkounya (Farenta) ; à Timbo, les provinces de Timbo et de Kolen, au Sud, la colonie anglaise de Sierra-Léone.

Par conséquent, j’interpelle le gouvernement notamment le Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat ; le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ainsi que l’opinion publique nationale et locale que la ville de Mamou n’a absolument pas été fondée par l’Almamy Bademba Barry comme l’insinue mal intentionnellement les deux cadres de l’administration publique. Cette affirmation à desseins relève d’une fausse information, de l’intoxication, de l’instrumentalisation, et de tentative de falsification des faits historiques dont s’illustre Monsieur Ibrahima Keita, Directeur préfectoral de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat de Mamou et Monsieur Abdoulaye Bobody Barry, administrateur au SNABE au cabinet de la Présidence de la République que je condamne avec la dernière énergie.

Alseny Farinta CAMARA
Acteur de la Société Civile Guinéenne