Le 17 octobre dernier, l’enlèvement de Saadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des Mines sous Alpha Condé, a ravivé les préoccupations sur la sécurité en Guinée. Cet acte de violence se joint à une longue liste de disparitions inquiétantes, comme celles des activistes Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla (alias Foniké Menguè), dont les mystères demeurent non résolus. Tandis que les recherches pour ces derniers se poursuivent dans une relative indifférence, le cas de Nimaga s’ajoute à l’incertitude grandissante d’une population qui se sent abandonnée.
Enlevé en plein jour à Conakry, avec son chauffeur, alors qu'il se rendait à un rendez-vous, Saadou Nimaga a été arraché à la vue de plusieurs témoins, sans la moindre tentative de discrétion de ses ravisseurs. Maître Mohamed Traoré, l’avocat de l’ancien ministre, dénonce un immobilisme inquiétant : « Il y a de quoi douter de la réalité de ces investigations. » Et de pointer du doigt le silence assourdissant des autorités. L’avocat ne mâche pas ses mots : « Si des enquêtes sérieuses étaient menées, les procureurs auraient dû communiquer pour rassurer la population, limiter la psychose et éviter la propagation de rumeurs. »
Un silence qui interroge davantage lorsqu’on connaît les circonstances de l’enlèvement. En plein jour, sous les yeux de témoins, quatre individus ont forcé Saadou Nimaga à monter dans son propre véhicule, sans la moindre crainte des caméras de surveillance de l’hôtel. Cette audace des agresseurs met en lumière l’ampleur de l’impunité qui semble régner, à la fois pour les criminels et, par extension, pour ceux qui sont censés assurer la sécurité des citoyens.
Dans un appel pressant à l’État, Maître Traoré exige une mobilisation accrue des autorités pour retrouver l'ex-ministre. « Ce genre de drame peut toucher n’importe qui. Il est crucial que la population s’implique, qu’elle coopère avec les enquêteurs et fournisse toute information utile. » Un appel à la solidarité nationale dans une Guinée où la confiance dans les institutions est de plus en plus fragilisée.
La disparition de Saadou Nimaga s’inscrit dans une inquiétante tendance : les affaires d’enlèvements et de disparitions restent dans l’impasse, sans réelles réponses de l’État. Face à cette montée en puissance des actes criminels, la question se pose avec acuité : jusqu’à quand la Guinée tolérera-t-elle une telle impunité ? Les autorités doivent d’urgence donner des signes tangibles de leur volonté de restaurer l’ordre et la justice, au risque de perdre définitivement le soutien de la population.
Fatimatou Diallo