À Kaloum, la nouvelle de la mort d’un jeune homme d’une trentaine d’années, retrouvé sans vie près du débarcadère de Boulbinet, a frappé les esprits. Selon les premières constatations, cet homme serait décédé après avoir « avalé sa langue » dans une scène de détresse tragique, sans personne pour lui prêter secours.
Ce n’est pas la première fois qu’un tel drame survient dans nos quartiers populaires, et il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Le colonel Mohamed N'Diaye, commissaire divisionnaire, a fait état de la découverte d’une bouteille de « Totapak », cet alcool frelaté devenu symbole des ravages silencieux qui minent la jeunesse guinéenne. Dans l’absence d’indices de violence, le constat s’impose : c’est un cocktail toxique d’indifférence sociale et de produits frelatés qui a conduit à ce décès.
Que faisons-nous pour protéger notre jeunesse ? Combien de fois faudra-t-il qu’un jeune homme ou une jeune femme s’effondre dans une ruelle, victime de substances dangereuses, avant que des mesures sérieuses ne soient prises ? Le commissaire N’Diaye a réitéré l’urgence d’une collaboration entre la population et les forces de sécurité pour traquer l’alcool frelaté et la drogue, notamment le Kush, qui se répand comme une traînée de poudre dans les zones portuaires. Mais ces appels resteront vains sans un effort collectif et durable.
Ce drame, qui aurait pu être évité, souligne aussi le rôle essentiel des autorités locales. Sita Kourouma, chef de quartier adjoint de Boulbinet, ne cache pas son désarroi. Sa demande d’aide aux autorités pour démanteler les abris insalubres et éradiquer ces produits dévastateurs sonne comme un cri d’alarme que l’État ne peut plus ignorer. La dégradation de certains quartiers de Kaloum devient un danger public.
Alors, jusqu’à quand allons-nous fermer les yeux ? L’État doit comprendre l’urgence d’une action décisive pour assainir ces zones, protéger les jeunes de ces substances destructrices et restaurer la dignité de nos quartiers. La jeunesse de Kaloum mérite mieux que l’indifférence et les tragédies répétitives. Les promesses de changements ne peuvent plus suffire : il est temps que les actes suivent les mots, pour que Kaloum ne devienne pas, à chaque coin de rue, le théâtre d’un autre drame évitable.
Algassimou L Diallo