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Le gouvernement de transition en Guinée a récemment relancé le projet d’exploitation du plus grand gisement de fer d’Afrique de l’Ouest, situé à Simandou. Présenté comme une étape majeure pour le développement économique du pays, cette annonce a cependant soulevé de vives critiques parmi certains observateurs. Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), est l'un des plus virulents. Il accuse le régime de manipuler l’opinion publique tout en négligeant les véritables priorités nationales.

Un projet jugé illusoire

Pour Aliou Bah, cette initiative ne sert qu’à nourrir des rêves creux. « Il est désolant de voir des jeunes porter des t-shirts arborant le slogan ‘Simandou 2040’, alors qu’ils souffrent de la faim et du manque de perspectives », déclare-t-il avec amertume. Selon lui, les promesses du projet sont loin de se traduire en une amélioration concrète des conditions de vie des Guinéens. « Hormis les quelques billets distribués et les faux espoirs qu’on leur vend, ces jeunes ne profiteront jamais des richesses de leur pays, sauf dans les discours officiels », ajoute-t-il, soulignant l’écart entre les promesses de développement et la réalité quotidienne.

Des priorités à revoir

Le leader politique dénonce également une stratégie de développement déséquilibrée, axée sur l’exploitation des ressources naturelles au détriment des ressources humaines. « Un pays sérieux ne peut se glorifier de son potentiel minier tout en sacrifiant ses citoyens à l'exil, à la répression et à la discrimination », fustige Aliou Bah. Pour lui, le véritable progrès passe par l’investissement dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé et la justice. « Il serait plus pertinent de célébrer l'excellence de nos écoles, de nos hôpitaux, et de notre système judiciaire, plutôt que de vendre des illusions à une population désabusée », martèle-t-il.

 Une économie qui profite à une minorité

La Guinée, malgré ses richesses naturelles, reste l’un des pays les plus pauvres au monde. Un paradoxe que M. Bah n’hésite pas à souligner : « Après plus de cinquante ans d’exploitation minière, nous devrions être parmi les nations prospères, et pourtant nous stagnons dans la pauvreté. » Selon lui, tant que les conditions préalables à une exploitation équitable des ressources ne seront pas réunies, les richesses minières continueront de bénéficier à une petite élite, au détriment du reste de la population.

 Le cercle vicieux du pouvoir

Le président du MoDeL n’épargne pas le gouvernement actuel, qu’il accuse de corruption et d'incompétence. « Une poignée d’individus au pouvoir, alliée à une mafia d’hommes d’affaires, continue de siphonner les ressources du pays, tandis que la population est abreuvée de slogans et de promesses vides », déclare-t-il. Il prévient que sans une véritable prise de conscience, ce cycle d’exploitation et de tromperie se perpétuera, laissant la majorité des Guinéens dans la précarité.

 Un appel à la lucidit

Aliou Bah appelle les Guinéens à ouvrir les yeux sur la situation. « C’est l’héritage d’une révolution démagogique : célébrer dans la pauvreté, se satisfaire de l’illusion, et se résigner face à l'injustice », déplore-t-il. Selon lui, il est urgent que la population prenne conscience des enjeux réels et exige une gestion plus transparente et inclusive des ressources du pays.

La question demeure : la Guinée saura-t-elle un jour tirer parti de ses richesses sans sacrifier son peuple ? Pour Aliou Bah, tant que le pouvoir restera concentré entre les mains d'une minorité corrompue, la réponse reste incertaine.

Moussa Youla