Conakry, une fois de plus, est secouée par un acte d'une brutalité inquiétante. Saadou Nimaga, ancien Secrétaire général du Ministère des Mines et de la Géologie, a été enlevé le jeudi 17 octobre 2024, en plein après-midi, à l'hôtel Kaloum, à proximité du palais présidentiel. Depuis lors, le silence persiste autour de son sort.
Juriste de formation, Nimaga a occupé des postes de haute responsabilité au sein de l'administration guinéenne, notamment en tant que figure clé du ministère des Mines sous le règne d'Alpha Condé, où il a joué un rôle crucial dans l'élaboration du Code minier guinéen. Évincé de son poste après le coup d'État de septembre 2021, il avait depuis trouvé sa voie dans le secteur privé avec son cabinet de consulting, Nature, Infrastructures et Mines (NIM), collaborant étroitement avec plusieurs entreprises minières.
D'après le récit bouleversant du chauffeur de Nimaga, rapporté par un membre de sa famille, ce jour fatidique a débuté avec plusieurs rendez-vous professionnels dans le quartier de Kaloum, où il avait également ses bureaux. Après une réunion à la Banque mondiale, il s'était dirigé vers l'hôtel Kaloum pour un second rendez-vous. C'est à sa sortie de l'établissement que trois individus en civil l'ont intercepté, ainsi que son chauffeur, les contraignant à monter dans un véhicule.
Les ravisseurs ont ligoté Nimaga et son chauffeur, les privant de leur vue avec des sacs noirs, avant de les conduire vers une destination inconnue. "Ils les ont finalement abandonnés dans une maison isolée et vide. Vers 21 heures, après de multiples menaces, ils ont relâché le chauffeur à Landréah, dans la commune de Dixinn", raconte la même source. Depuis, Saadou Nimaga demeure introuvable.
Dans un état d'angoisse indescriptible, sa famille reste sans réponse quant aux motifs de cet enlèvement et à l'identité des ravisseurs. De plus, le chauffeur, marqué par cette terrible épreuve, a mystérieusement disparu depuis le matin suivant.
Cet enlèvement s'inscrit dans une série d'actes similaires visant des personnalités civiles et militaires en Guinée, sous le régime de la junte. Malheureusement, certains de ces enlèvements, comme ceux du général Sadiba Koulibaly, du pédiatre Mohamed Dioubaté et du colonel Célestin Bilivogui, ont abouti à la découverte des victimes sans vie. D'autres, comme les activistes Foniké Menguè et Billo Bah, demeurent portés disparus, sans aucune avancée judiciaire.
Les témoignages recueillis auprès des victimes ou de leurs proches désignent souvent des unités spécifiques, notamment le groupement des forces spéciales basé au Palais Mohamed V et le Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), créé sous le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Sous la direction de Mamadi Doumbouya, les cas d'enlèvements et de disparitions forcées se multiplient, suscitant des inquiétudes profondes tant au niveau national qu'international. Ces actes, assimilés à des formes d'assassinats extrajudiciaires, posent des questions cruciales sur le respect des droits humains en Guinée.
L'affaire Saadou Nimaga demeure une situation à suivre de près...
Alpha Amadou Diallo